Je me souviens de Marie, c’était la fille de l’épicerie. Moi, je l’ai connue vieille. Mais elle était très belle quand elle était jeune. Tout le monde peut s’en rendre compte. On peut la voir, on peut même la toucher. C’est elle qui a posé pour le nu qui trône sur la place de la Petite Suisse.
Marie était l'épicière de l'avenue Buyl, dans la descente, une épicière très belle que les jeunes gens du quartier courtisaient assidûment. C'est fou comme la beauté peut faire aimer les fruits. Et, on s'en doute, il y avait un artiste dont l'atelier ouvrait ses fenêtres sur la place de la Petite Suisse... Les vieux du quartier connaissaient Marie, ils l'avaient tous courtisée et ce qui demeure magnifique, c'est le sourire qui se loge sur leurs lèvres quand ils l'évoquent. Mon grand-père aussi regardait ma grand-mère comme si elle avait été jeune à vie alors que je ne voyais sur son visage que l'usure du monde. C'est une occasion rare celle ou l'on se souvient du nom du modèle et pas celui de l'artiste. Tout en tendresse.
Pierre Duys & un Anonyme au bistrot le Montmartre, place de la petite Suisse
Marie
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4 commentaires:
Je me souviens du Montmartre, de Fût derrière son bar, je me souviens de david, d'Andrea, je me souviens de la louve, des croutes aux murs, ce mangeur d'huître...
Si j'avais mis les pieds un jour à Bruxelles, je m'en souviendrais. Bises, mon Piotr-Perecski. Ton nouveau blog démarre bellement.
Et puis , parfois, la mémoire du modèle fait défaut et on voit dans un visage le souvenir du futur et là ..
ça fait mal.
Je me souvient d’un baiser sous un parapluie vert dans un bas-fond du parc Royal côté V.I.T.R.I.O.L. devant la statue de Marie-Madeleine repentante.
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