La place du Marché aux Poissons


Je me souviens des premiers concerts de Aka Moon, trio déjà stupéfiant de jazz pourpre. Des pygmées jaillissaient de leurs valises, les murs vermillons, gauches, se trousmoussaient les ventricules, ivres de houbloneuses fillançailles; on voyait des ombres suinter, des John célèbres, à la page, en cage, de Patti, des Burk, des Fela, free funky african zone, vapeurs incendiaires, burlesques illusions, tapages mentaux, divagations et visions. Un écrivain attendait sa transe hebdomadaire dans une pièce contigüe, derrière la scène, une machine à écrire comme tapis volant, doigts mirages et pépiement des touches, guili-guili de matières sèches, haut les coeurs, bas les masques.

Pierre Duys